mercredi 17 juin 2009

Du temps pour broder


Il n'est pas toujours facile de trouver du temps pour poser un point sur la toile....
Il semble que les fillettes à l'école d'Ackworth brodaient leurs marquoirs pendant leur temps libre, mais comment elles faisaient pour trouver ce temps reste un mystère. Leurs journées étaient en effet très chargées, et lorsqu'elles n'étaient pas à leurs leçons, c'est elles qui s'occupaient de la confection et de l'entretien des vêtements des élèves, et de tout le linge de l'école. Elles faisaient également des travaux de couture pour lesquels on sait qu'en 1821 l'école encaissa la somme de £24 15s 6p. Pour la même année 1821, nous possédons une liste des travaux réalisés par les filles (il y avait 310 élèves dont environ 120 filles à Ackworth, et cela représente plus de 13 ouvrages par élève): 230 chemises , 81 tabliers, 44 dessus de lit, 151 mouchoirs, 17 draps, 120 fichus, 20 serviettes, 177 combinaisons, 10 foulards, 98 bonnets de nuit, 4 coiffes de nuit, 29 coiffes de jour, 8 tabliers pour les garçons, 12 torchons, 126 mouchoirs de poche, 2 couvertures, 3 nappes, 4 tabliers, 76 housses de traversins, 6 housses de coussins, 9 housses d'oreillers, 393 paires de bas tricotés.

Cela peu
t nous sembler étonnant maintenant, mais à l'origine, le temps consacré au tricot était plus important que celui consacré à la couture. Par exemple, on trouve une recommandation de 1800 demandant que moins de temps soit passé à tricoter, et que les filles apprennent à coudre en réalisant les chemises pour les garçons, dont la confection était généralement confiée à des femmes du village. On pensait que la confection de chemises permettrait aux filles d'améliorer leurs qualités de couturières.

On a oublié à quel point le tricot était important au 19è siècle. Certes, la mécanisation dans ce domaine remontait à la fin du 16è siècle, mais les ouvrages qui réclamaient un savoir-faire complexe, comme par exemple la réalisation de bas et de chaussettes, continuaient à être tricotés à la main. Ils étaient faits à domicile, mais aussi dans des ateliers, et des centres d'apprentissage. Le tricot avait tendance à être considéré comme le travail des servantes et des journaliers, et traditonnellement, il constituait une part importante des occupations dans les écoles de charité. Il n'est donc pas surprenant qu'il ait aussi constitué la majeure partie des heures de travail à Ackworth, surtout dans les premières décades, lorsque les élèves étaient plus destinés à rejoindre les rangs des travailleurs que de la bourgeoisie.
Par ailleurs, l'implantation géographique de l'école peut aussi avoir été prépondérante, car les vallées du Yorkshire ont été longtemps réputées pour leurs élevages de moutons, et la qualité de leurs laines. Le cardage, le tissage et et le tricot étaient les occupations des femmes dans les fermes isolées de la région, et pendant des siècles, hommes, femmes et enfants de cette région tricotaient dès que leurs mains n'étaient pas occupées à une autre tâche.
La ville de Doncaster, pas très loin d'Ackworth, a été connue pendant des siècles pour son commerce de chaussettes en tricot. Beaucoup des jeunes élèves venant de cette région, il n'est donc pas étonnant que l'école ait eu une excellente réputation en ce qui concerne les ouvrages de tricot qui y étaient réalisés.

Ces informations et les illustrations sont tirées du livre de Carol Humphrey "Quaker School Girl Samplers from Ackworth" dont je vous ai déjà parlé ici. Merci à Jacqueline Holdsworth qui m'a autorisée à les copier pour vous.

5 commentaires:

  1. Très intéressant cet article! Merci Paule!!!
    Moi qui les imaginait à leur ouvrage toute la journée...
    En plus, j'ai le même souci que ces demoiselles... à savoir... Trouver du temps... ; - )

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  2. Merci Paule pour cette article trés interessant. Que d'heures passées sur leurs ouvrages! Et comme elles devaient avoir mal au dos car elles ne devaient pas être aussi bien installées que nous pour coudre et ticoter. Encore merci pour cet article. Dominique 34

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  3. Merci beaucoup, Paule, pour cet article très intéressant et passionnant...tu sais si on peut se procurer le livre ? Bisous et bonne journée.

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  4. Merci Paule pour cette traduction.
    Je me pose la même question aussi pour nos arrières et nos grands mères qui parfois travaillaient, n'avaient pas d'appareils domestiques pour le linge, la vaiselle.... et trouvaient le temps pour broder, crocheter....
    Nous avons des appareils qui nous libèrent des taches ménagères mais nous sommes toujours à la recherche de temps
    C'est un mystère....

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  5. Jacqueline, je l'ai trouvé au meilleur prix sur amazon.UK. Je n'ai pas d'actions chez eux ou chez Needleprint, mais quand les fondues de Quakers US l'appellent "la bible", je peux te dire que c'est justifié!

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